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"Dis Olivier, ça marche comment l'océan???"

"Ah, il n'y a pas de vent aujourd'hui, il ne doit pas y avoir de vagues". Tous les habitués du bord de mer ont certainement déjà entendu cette phrase et savent s'ils sont observateurs que cette affirmation est complètement erronée. Nous avons évidement tous en tête l'image d'une mer démontée lors d'une tempête, mais souvent les jours sans vent, de puissantes vagues viennent aussi déferlées sur nos côtes. Alors miracle ou phénomène totalement rationnel? D'où viennent ces vagues, où ont elles été formées? Bref, comment ça marche M. Chevalet?

Pour mieux comprendre le phénomène qu'est la houle, jetons tout d'abord un coup d'oeil à sa naissance. Cette première étape est superbement décrite par Paul Robin dans son ouvrage "vagues, l'énergie magnifique" : "Quand le vent se met à souffler sur une étendue d'eau calme, de minuscules ondulations signalent d'abord son passage. Elles indiquent que le vent a atteint une vitesse au moins égale à quatre noeuds, seuil au dessous duquel la tension superficielle de l'eau empêche leur formation. Ces rides qui froncent et assombrissent la surface de l'eau au passage des risées sont provoquées par des turbulences qui accompagnent les déplacements d'air. Leur vibration ébranle la surface en produisant une agitation superficielle qui est rapidement relayée et activée par la poussée qu'exerce le vent sur l'arrière des ondulations. Les vagues vont alors connaître une phase de croissance continue qui se poursuit tant que leur célérité reste inférieure à la vitesse du vent. Cette croissance est déterminée par trois facteurs: La vitesse du vent, la durée de son action et l'étendue d'eau libre (le "fetch") sur laquelle il souffle".

Les vagues pour se développer ont donc besoin de temps et d'espace. Il a été ainsi établi qu'un coup de vent de force 7 (environ 30 noeuds) soufflant en haute mer (fetch d'au moins 300 nautiques) formait des vagues dans le rapport suivant :

Durée du coup de vent (force 7)Hauteur des plus grandes vagues
3 heures 1 mètre
6 heures 2 mètres
12 heures 4 mètres
24 heures 10 mètres

Ceci n'est évidement qu'un modèle théorique. Lors d'une tempête, le vent garde rarement la même direction pendant plusieurs jours, et la houle n'atteint donc pas toujours sa taille optimale. De plus, cette phase de croissance est particulièrement turbulente et chaotique. Toutes sorte de vagues s'y mélangent, s'amortissent et se superposent dans l'anarchie la plus complète, provoquant deci-delà quelques déferlements. Ensuite par le jeu d'interactions mécaniques complexes et d‘un processus d'échange d'énergie, se produit une sorte de sélection. Les vagues les plus courtes disparaissent progressivement au profit des vagues les plus longues. C'est la "maturation" de la houle, qui caractérise les mers dites formées.

La houle est donc bien formée par le vent, mais vagues sur nos côtes ne veut pas nécessairement dire fort vent local. La houle "mature" est en effet capable de "voyager" durant des centaines voir des milliers de kilomètres quittant la zone de tempête qui l'a générée. Certains surfers ou bodyboarders de grosses vagues passionnés et/ou fortunés, vont ainsi jusqu‘à voyager pour surfer plusieurs jours de suite une houle exceptionnelle. Après une ou deux journées de gros surf à Hawaï, il est ainsi possible de prendre un avion et d‘aller surfer cette même houle sur un spot de gros surf californien ou Mexicain. Nous avons tous en mémoire l‘exemple de Mark Foo, disparu lors de la session à Maverick (spot Ouest-américain de grosses vagues) d‘une houle exceptionnelle qu‘il avait déjà surfé quelques jours auparavant sur le North Shore d‘Hawaï.

Du fait de cette capacité à se propager sur de longues distances, il est clair que les conditions climatiques régnant sur les côtes ou viendra buter la houle pourront être totalement opposées à celles régnant lors de sa genèse. Les vagues pourront alors déferler sous un soleil de plomb, sans qu'aucun souffle de vent ne viennent les perturber. Durant son voyage, les caractéristiques de la houle vont cependant évoluer. Après sa naissance, puis sa maturation, la houle atteint son stade de vieillesse. Au fur et à mesure qu'elle subit la gravité, sa hauteur diminue tandis qu'augmente sa période, c'est à dire le laps de temps entre le passage de deux crêtes au même endroit. Voici un tableau montrant les relations existant entre la distance d'une perturbation, la hauteur, la période de la houle qu'elle a engendré et le temps qu'il faut à cette houle pour arriver aux points de référence.

Distance de la perturbation Hauteur de la houle Période de la houle Durée du trajet
0 km 10 mètres 9 secondes 0 heure
500 kms 6 mètres 11 secondes 20 heures
1000 kms 4 mètres 12 secondes 35 heures
2000 kms 3 mètres 14 secondes 60 heures
5000 kms 1.5 mètres 20 secondes 5 jours

Connaissant tous ces paramètres il est alors facile d‘épater les copains en prédisant les conditions de vagues sur nos côtes grâce aux cartes météo souvent présentent dans les journaux (J‘ai personnellement une préférence pour la carte du Monde, qui bien que de petite taille est bien détaillée et couvre une grande surface. Les cartes des journaux régionaux Ouest France et Sud-Ouest sont aussi de très bonne qualité).

Ce sont les systèmes d'anticyclones et de dépressions qui vont intéresser le surfer. Tous le secret réside dans les isobares. Ces cercles que vous voyez sur les cartes autour des systèmes de pression relient entre eux les points de même pression atmosphérique. Ils indiquent l'intensité du système et la zone qu'il couvre. Les pressions sont indiquées en hectopascal (hp) et la graduation s‘effectue généralement de 10 en 10 Lorsque la valeur des isobares diminue à mesure que l‘on se rapproche du centre de la figure, alors le système est une zone de basse pression, ou dépression. Plus le chiffre au coeur du système est bas et plus les isobares sont resserrés, plus les vents au centre de la dépression sont violents. Il en résulte alors une formation de vagues. Généralement les dépressions, intéressante pour nous Français, naissent près de l‘Islande puis redescendent pour parfois se stabiliser (Le bonheur des uns fait le malheur des autres!), au large de l‘Irlande.

A l‘inverse, lorsque la valeur des isobares augmente à mesure que l‘on s‘approche du centre de la figure, alors le système est une zone de haute pression, ou Anticyclone. Comme son nom l‘indique, c‘est du beau temps assuré.

meteo.jpg (23965 octets) Août 88. Cette dépression de 962 hp en plein atlantique a amené des vagues de 4 mètres sur nos côtes. Notez l'anticyclone positionné sur l'Angleterre qui nous assura un superbe temps sans un souffle de vent durant cette même période.

(tiré de "Surfing", Nat Young)

Une dépression positionnée au large de l‘Irlande devient en fait intéressante pour l‘amateur de vague résidant sur la côte Atlantique Française ou nord Espagnole, à partir de 990 hp. 980 et 990 hp sont les valeurs généralement rencontrées pour ce type de dépression. Des dépressions de 960 hp sont plus rares mais peuvent parfois être observées. C‘est alors du bonheur liquide assuré! Ainsi, si une dépression d'environ 960 mbar est stoppée à environ 1000 kms de nos côtes par un puissant anticyclone installé sur la France, il est aisé de prédire que des vagues atteignant 4 mètres vont déferlées dans deux jours sur nos plages, sous un soleil de plomb et sans un souffle de vent (sauf vent thermique généralement faible et absent durant la matinée) à la plus grande joie des surfers, bodyboarders et autres amateurs de déferlantes.

Bien sur le système peut être considérablement compliqué. Notre houle pourra rencontrer sur son chemin d'autres houles ayant des directions et des amplitudes différentes et qui viendront donc la modifier légèrement. On pourra aussi prendre en compte la configuration du plateau continental des côtes. Si celui ci est très étendu, il ralentira considérablement la houle. Ce phénomène explique la puissance phénoménale des vagues d'Hawaï ainsi que celles d'Hossegor, haut lieu du surf en France. Hawaï est en effet une île volcanique perdu au milieu de l'océan pacifique et qui ne possède donc pas de plateau continental. Quant à Hossegor, la profonde fosse de Capbreton avance jusqu'à proximité des côtes dans cette région, permettant aux vagues d‘atteindre la côte en conservant toute leur puissance. Tous ces phénomènes "d'interférences" sont cependant secondaires et il faut acquérir une bonne méthode de lecture des cartes météo et marines pour les prendre en compte.

La houle est donc un sujet particulièrement complexe. Ce texte ne fait que l'effleurer. J'espère simplement qu'il aura persuadé les esprits sceptiques qu'une absences de vent sur nos côtes ne veut pas obligatoirement dire absence de vagues.

Olivier Raineteau


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